J'me parle tout croche, pis j'me répond mal

Quand la vie nous rattrape

Salut ma belle personne,

Comment tu vas, pour vrai de vrai?
Aujourd'hui, j'avais envie de te parler de quelque chose qu'on évite souvent d'aborder : la santé mentale. Pas parce que c'est tabou, mais parce que c'est compliqué, nuancé, et que parfois on ne sait tout simplement pas par où commencer. C'est normal, c'est pas quelque chose qu'on se met à jaser autour du souper du dimanche hebdomadaire chez ta belle-mère. Pis c'correct de le faire aussi si c'est un sujet qui te tiens à coeur.

Il y a des moments dans la vie où tout semble s'effondrer. Où les pensées deviennent lourdes, où chaque geste demande un effort titanesque, une genre de montagne ben ben à pique, où même respirer peut sembler difficile. Ces moments existent, ils font partie de l'expérience humaine, et pourtant on en parle si peu entre nous bien que ça commence de plus en plus à prendre de la place dans nos média. ( Salut Bell Cause )

La santé mentale, c'est invisible. On ne peut pas montrer une blessure, pointer du doigt un problème concret. Y'a pas de collier thibétain qui existe pour ça pis j'vois mal plâtrer ma tête à cause de ça. C'est sournois, ça s'installe parfois graduellement, parfois d'un coup. Un jour tu vas bien, le lendemain le monde te semble différent, plus sombre, plus lourd à porter, comme un sac à dos remplis de gravelles 3/4 en montant la cote St-Anne de Chicoutimi à pied en guegoune. Et puis il y a cette pression constante de paraître "normal". "Comment ça va ?" - "Ça va bien !" Même quand ça ne va pas du tout. On devient experts dans l'art de porter un masque, de jouer un rôle, de faire semblant que tout roule alors qu'à l'intérieur, c'est le chaos. Comme si on avait honte de dire. ''Eille, écoute, j'ai besoin de parler justement.''

Le plus frustrant, c'est cette différence de traitement qu'on accorde à notre corps versus notre esprit. Une grippe ? On se repose. Une entorse ? On va voir un médecin ( juste si t'as la chance d'en avoir un à base sinon va à l'urgence attendre durant 9h ). Mais quand c'est notre mental qui perd pied, on se dit qu'on devrait pouvoir s'en sortir seul, que c'est une question de volonté, qu'il suffit de "positiver" pis de continuer à rouler sur le chemin de la vie. Que demain va arriver et que ça va bien aller genre l'arc-en-ciel de 2020.

Pourtant, prendre soin de sa santé mentale, c'est aussi légitime et nécessaire que de soigner n'importe quelle autre partie de notre corps. Consulter un professionnel, prendre des médicaments si nécessaire, s'accorder du temps pour guérir - tout ça, c'est normal et courageux. Ce que j'ai appris récemment : arrêter de minimiser ce qu'on ressent. Cette tristesse profonde, cette anxiété paralysante, ces pensées qui tournent en boucle - tout ça, c'est réel, c'est valide. C'est pas "juste dans ta tête" au sens où ce serait inventé. C'est dans ta tête parce que c'est là que ça se passe, et c'est exactement pour ça que ça compte.

Il n'y a pas de honte à ne pas aller bien. Il n'y a pas de honte à demander de l'aide. Il n'y a pas de honte à reconnaître qu'on traverse une période difficile. Parfois, la vie nous sacre à genoux en nous kickant directement en arrière de ceux-ci, et c'est correct de rester au sol le temps qu'il faut pour reprendre des forces tel un Wolverine de sanité mentale. Ce qui compte, c'est de ne pas rester seul avec ça. De parler, de chercher du soutien, de se donner les moyens de s'en sortir. Parce qu'on peut s'en sortir, parce que la tempête passera. Ça prend du temps, de la patience, parfois de l'aide professionnelle, mais c'est possible.

Votre santé mentale mérite qu'on s'en occupe. Vous méritez qu'on prenne soin de vous. Attend pas qu'il soit trop tard dans l'orage pour sortir ton parapluie ok?

À bientôt peut-être! Pis d'ici-là, prend soin de ton dedans!

Tourlou là!

Jennaille XoX