
Te revoilà mon cher lecteur masochiste qui persiste à me lire malgré mes cogitations hebdomadaires, laisse-moi te confier un aveu qui pourrait ébranler les fondements mêmes de ma crédibilité intellectuelle : je m'ennuie des publicités québécoises. C'est pas drôle, j'ai troqué à la base ma télé traditionnelle pour avoir enfin la paix des maudites annonces puis je suis ici présentement en train de vous dire que ça me donnerait un petit bonheur de voir un 3 minutes d'accent québécois dans ma télé. Parce qu'on va se le dire, on a gagné en maximisant notre binge-watching de Stranger Things mais, on a perdu un patrimoine culturel d'une richesse inouïe.
Pour les plus jeunes, c'était une ribambelle de petits bijoux de 30 secondes environ un à la suite de l'autre qui nous permettaient de zapper entre 2, parfois 3 chaînes de télé ou bien d'en profiter pour aller à la salle de bain. Il n'y avait pas le piton "ignorer" en bas, si tu pognais des annonces sur toutes les chaînes, tu revenais à l'émission principale puis tu endurais le tout en te chicanant avec ton frère parce qu'il avait terminé le sac de chips ondulées nature. Ces chefs-d'œuvre de manipulation commerciale qui nous faisaient pleurer sur des yogourts et danser sur des assurances. Ces fenêtres sur notre identité collective qui nous rappelaient, entre deux épisodes de La Petite Vie puis 4 et Demi, que nous étions bel et bien un peuple unique, capable de vendre des chars usagés avec autant de passion qu'un prêtre un dimanche de Pâques.
Alors, comme je suis une immense nostalgique, laisse-moi te faire mon top des meilleures pubs Québ. selon Jennaille.
1. Superclub Vidéotron
"Superclub Vidéotron... des tonnes de copies !"
Câlique que cette pub-là m'a marquée ! Le petit jingle qui te rentrait dans le crâne comme un ver d'oreille particulièrement tenace, puis les familles fausses qui avaient l'air tellement heureuses de louer des VHS au Superclub du coin. C'était l'époque bénie où on planifiait notre fin de semaine en fonction des nouveautés au club vidéo, puis où perdre un film c'était presque un drame familial. "Meuman, as-tu vu Titanic ? Il faut le remettre à soir sinon ça va nous coûter 2 piasses de plus !" Ah, les bonnes vieilles chicanes de famille autour d'un boîtier de plastique ! Rembobinais-tu ta cassette, toi ?
2. Familiprix avec Sylvain Marcel
Sylvain, le pharmacien le plus célèbre du Québec après peut-être celui qui vendait du sirop contre la toux avec de la codéine en dessous de la table. Ce gars-là était rendu plus connu que bien des députés ! Sa face sympathique nous rassurait : "AH-HA !" Ben oui Sylvain, merci pour ce petit bout de phrase qui est resté dans notre culture ! Qui n'a jamais entendu ce jingle dans sa tête quand notre grand chum Pier-Marie se plantait en skate ?
3. Pepsi avec Claude Meunier
Claude Meunier qui nous vendait du Pepsi avec le même enthousiasme qu'il mettait à jouer Ti-Mé dans La Petite Vie, c'était du grand art ! Cet homme-là (a.k.a. l'homme de ma vie mais il ne le sait pas) aurait pu nous vendre des pneus d'hiver en juillet qu'on les aurait achetés pareil. "Ici, c'est Pepsi !" qu'il disait, puis nous autres, on le croyait dur comme fer. Parce que si Claude Meunier le dit, ça doit être vrai ! C'était avant qu'on découvre que le Coke goûtait pareil mais en plus cher. Mais bon, Claude avait cette façon de nous parler comme si on était tous ses chums de taverne, puis ça, ça vaut de l'or en marketing !
4. Le pain Gadoua de Lise Dion
Lise Dion qui nous vendait du pain avec son énergie de mère de famille survoltée au café, c'était quelque chose ! "Le pain Gadoua, il est bon en tabarouette !" (ok, elle ne disait pas tabarouette, mais on le sentait dans son regard). Cette femme-là nous faisait croire que manger une toast Gadoua, c'était comme recevoir un câlin de sa grand-mère. Puis honnêtement, quand Lise Dion te dit que quelque chose est bon, tu ne remets pas ça en question. C'est comme si ta belle-sœur préférée te donnait un conseil : tu l'écoutes, point final.
5. Plaisir Gastronomique
Ah, les fameux "Plaisir Gastronomique" ! Ces petites boîtes de luxure culinaire qui nous faisaient rêver de grandeur dans notre cuisine de bungalow d'Alma. "Un vrai plaisir gastronomique !" qu'ils disaient, puis nous autres, on se sentait fancy en réchauffant ça au micro-ondes. C'était notre façon à nous de faire de la haute cuisine un mardi soir en pyjama tout en étant vraiment déçus du goût puis de la texture. Ces pubs-là ne nous vendaient pas juste des plats surgelés, elles nous vendaient un mode de vie, une vision de nous-mêmes comme des fins connaisseurs. Spoiler alert : c'était juste du chicken à la king fancy, mais on s'en foutait, les pubs étaient excellentes !
6. "Je note" de SSQ
Cette pub-là, c'était du génie marketing pur ! Un simple "Je note" qui est devenu partie intégrante du vocabulaire québécois, en tout cas celui de mon papou. SSQ avait réussi à transformer une expression plate d'assurance en running gag national. Encore aujourd'hui, quand quelqu'un nous dit quelque chose d'important, on répond "Je note" avec le même petit sourire complice. C'était de l'infiltration culturelle à son meilleur : une compagnie d'assurance qui réussissait à nous faire rire au lieu de nous faire fuir en courant !
7. L'Hippo des familles
"La nuit, dans une cuisine qui pourrait être la vôtre, tout est calme... ou presque !" Cette annonce nous vendait un rêve à nous les enfants. Qui n'a jamais espéré se réveiller en pleine nuit et trouver un tout mini hippopotame dans sa kitchenette familiale ? Mais justement, c'était la pub parfaite pour nous remettre en question sur ce qu'on voyait à la télé. C'était un message des annonceurs concernés par la vitesse à laquelle nous, pauvres spectateurs, croyions fermement ce que TVA puis TQS nous lançaient au visage. On n'a plus cela maintenant et ça paraît, le manque de discernement se fait sentir.
L'algorithme qui nous observe
Donc, voilà mon top 7, mes chers nostalgiques, mais j'aurais pu continuer pendant encore vraiment longtemps ! Les pubs de Honda avec Martin Matte "Iglou iglou iglou...", celles de Bell Sympatico avec Benoît Brière, les pubs Vachon qui nous donnaient l'eau à la bouche à 19 h 30 juste avant d'aller se coucher... Ces petits bouts de notre ADN télévisuel qui nous rappellent qu'avant Netflix puis ses algorithmes qui nous connaissent mieux que notre propre mère, on avait tous les mêmes références. On était une gang unie par les mêmes slogans ridicules, les mêmes jingles qui ne nous sortaient plus jamais de la tête, puis les mêmes faces sympathiques qui nous vendaient du bonheur en conserve. Astheure, avec nos Netflix puis nos Spotify sans pub (merci Premium), on vit tous dans notre petite bulle personnalisée. C'est efficace, c'est pratique, mais criss que c'est plate ! On n'a plus de Sylvain pour nous rassurer, plus de Claude Meunier pour nous faire rire, puis plus de petits puddings Laura Secord pour nous réconforter à 8 h le soir.
Anyway, sur ce, je retourne à ma vraie vie moderne puis je vais aller scroller sur TikTok en me plaignant que les jeunes d'aujourd'hui ne comprennent rien à rien. Parce qu'il faut bien que je reste cohérente dans mon rôle de millennial nostalgique qui chiale sur tout !
À bientôt peut-être! Pis d'ici-là, prend soin de ton dedans!
Tourlou là!
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