Ginette et Wizz: Douceur dolmissoise pour milléniaux

Publié le 11 août 2025 à 15:18

C'était le Festival du Bleuet de Dolbeau-Mistassini dernièrement. Étant native des environs, avant de prendre le Saguenay comme résidence permanente, j'ai, à chaque début de mois d'août, une nostalgie immense de mon adolescence passée dans les années 2000. Selon moi, c'est la période qui incarne vraiment le summum de la civilisation humaine. Et je vais te le prouver avec la rigueur scientifique d'un épisode de Découverte animé par le beau Charles Tisseyre, un homme chaud comme de la braise, si tu veux mon avis.

 

MSN.

Je commence en force avec le célèbre mais désormais feu MSN. Où chaque conversation était une courte œuvre littéraire de 200 caractères ou moins. Où les pseudos étaient un cri du cœur un peu emo style : '' xX_♥T3N3bR3_Du_L@c♥_Xx '' ou encore '' petit_papillon°o.O*JE.TAIME.M-EVETREMBLÉ## ''. De l'émotion même dans nos noms, esti qu'on était originaux.

 

J'pense que j'ai développé mon besoin d'attention avec l'arrivée de cette application dans ma vie. Connecté/déconnecté - Connecté/déconnecté - ... et ainsi de suite jusqu'à temps que Steven vienne me parler. Il était hors de question de faire les premiers pas. J'avais 16 ans pis à cet âge-là, wo minute que j'allais affirmer mon crush du moment. Fallait que ça vienne de lui! SPOILER ALERT : C'est jamais arrivé.

 

Pis le WIZZ, dans tout ça, c'était l'arme nucléaire de l'amitié ou tout simplement de l'acharnement passif-agressif.

Pourquoi on l’utilisait :

  • Pour dire « Réponds, esti ! » quand l’autre prenait 4 minutes à écrire.
  • Pour écoeurer un ami jusqu’à ce qu’il menace de te bloquer.
  • Pour faire un flirt gênant, style « hihi j’te wizz 😉 ».
  • Pour tester si la personne t’avait pas mis en Invisible (la technique de ninja sociale).

 

 

L'art perdu de brûler des CD

J'avais une amie, ben je l'ai encore en fait (Allô Karen) qui gravait les best mix sur des CD achetés chez Dollo. J'te parle d'un temps avant même que les lecteurs MP3 existent, un temps où t'étais le chanceux de ta gang si t'avais la chance d'avoir un lecteur CD anti-sautage. Un calvaire si t'avais pas ça quand t'écoutais marie-mai_il.faut.que.tu.ten.ailles.mp3 downloadé sur Napster ou LimeWire pendant la dernière semaine. Parce que oui, si tu habitais un village, fort probablement que le téléchargement te prenait minimum 7 jours pour une toune qui dure 2 minutes.

 

J'me souviens, quand l'ordinateur est arrivé chez nous en 2002, mes parents avaient pris l'option ''Graveur de CD-ROM''. Un must. Ça m'a permis de me faire des playlists incroyables qui ont bercé mon adolescence comme ma grand-maman le faisait après un p'tit cauchemar quand je dormais chez elle. C'était par contre éclectique comme choix. LimeWire ouvert, connexion haute vitesse Bell Sympatico (ou pas 😅), pis une pile de MP3 douteux à 128 kbps.

On écoutait :

  • Sum 41 – Still Waiting.mp3

  • Blink-182 – I Miss You.mp3

  • Fall Out Boy – Sugar We’re Goin Down.mp3

  • Nickelback – Photograph.mp3

  • James Blunt – You’re Beautiful.mp3

  • Kelly Clarkson – Because of You.mp3

  • Daddy Yankee – Gasolina.mp3

  • Sean Paul – Temperature.mp3

  • Shakira – La Tortura.mp3

  • Ricky Martin – La Vida Loca.mp3

 

Vox, Bonnet et Forum

Dans ma jeune vieillesse, t'avais 3 types de bars qui marchaient pas mal dans les années 2000. J'ai eu la chance de connaître le Bonnet Rouge, Le Forum, le Vox. J'me souviens d'être à un party bulles au Bonnet à 15 ans. Le bar où on savait qu'ils ne cartaient pratiquement jamais, pis où on savait aussi quand se passeraient les descentes de police parce que ça se parlait durant la semaine à la poly de JD.

 

Le Bonnet Rouge :

Situé sur l'avenue de l'Église à Mistassini, il était divisé en 3 parties : la discothèque, la taverne pis le p'tit resto. Tout y était. T'avais envie de te brasser le derrière sur Pump It Up de Danzel ou bedon Gimme the Light de Pitbull, t'allais du côté de la disco, où ça puait beaucoup trop la Tornade échappée à terre pis un p’tit peu le vomi d'adolescente fait dans une poubelle dans le couloir. Si tu étais plus du genre tranquille pis billard, le coin Taverne était ton endroit. Tu avais de la musique moins boum-boum pis beaucoup plus comme du Kid Rock. On s'entendait parler pis les plus vieux s'y tenaient principalement. Après avoir fêté avec ta gang de village, avant de redescendre en taxi (...) tu prenais le temps d'aller t'asseoir dans une banquette au resto pour te caller ta poutine de fin de nuit. 2 h AM, les tannants se pitchaient des frites entre les tables. C'était la quintessence des belles soirées qui finissaient avec une pancarte stop ou un cône volé sur la route en revenant.

 

Le Forum :

Bar iconique prônant dans le mail, le Forum a eu plusieurs formes et endroits. Celui-ci, divisé entre 2 parties : la discothèque et la taverne. Au Forum, on retrouvait les ados les plus âgés. De 16-18 ans en montant, il y avait plus de chance de se faire carter. On se disait que c'étaient les plus matures qui s'y trouvaient, mais c'était pas vraiment le cas... haha non. Les chicanes entre une gang de la disco pis une autre de la taverne étaient très fréquentes. J'ai aussi assisté à plusieurs pétages de bière sur la tête dans cet endroit. Après avoir passé la soirée à danser sur les colonnes de la disco, la place désignée pour notre célèbre poutine de 3 h du matin c'était chez Rio, accueillis par la magnifique Ginette pis ses sucres à la crème. Un trip bouffe parfait juste avant d'aller te coucher pour dormir 2 h parce que tu fais l'open chez McDo.

 

Le Vox :

Trônant sur le boulevard Wallberg, on avait et on a toujours le Vox Populi et son miroir. Le cœur underground du coin depuis 1986, devenu coopérative en 2004, animé par l’énergie de la communauté. Un bar où tu savais quand ta soirée commençait mais quand elle terminait restait un mystère : le lendemain, dans 3 jours ou 1 mois. Souvent jugé par plusieurs, le Vox Populi était un endroit où il a toujours été encouragé d'être soi-même pis de s'accepter ainsi. Je n'ai malheureusement pas grand-chose à dire sur cet endroit, j'suis pas allée assez souvent j'dois te dire.

 

L'art de s'ennuyer constructivement

Sans TikTok pour nous lobotomiser le cerveau aux 15 secondes, sans Instagram pour nous donner des complexes, sans Snapchat pour nous faire croire qu'on a une vie intéressante, on devait faire preuve de CRÉATIVITÉ ! On n'avait pas que la technologie dans ce temps-là. C'était avant que les Blackberry et iPhone de ce monde nous zombifient. Mon premier téléphone était un Sanyo rose avec un forfait à carte chez Bell. Internet là-dessus ? BEN VOYONS, T'ES FOU ?

 

On avait le temps de s'ennuyer, prendre une marche du Tim sur la 8e Av. jusqu'au dépanneur des Vétérans dans l'avenue de la Friche juste pour une slush puppy aux cerises. Anyway, t'avais le temps, y'avait juste ça à faire. Tu pouvais aussi profiter de la plage aux chutes de Dolbeau avec tes chums, juste avant d'aller au festival Western en soirée. C'était le bon temps, le moment facile pour se faire des amis pour la vie.


 

Conclusion : Pourquoi on était vraiment plus tough dans ce temps-là

Écoute, je sais que ça sonne comme du vieux stock de dire que c'était mieux avant, mais crisse, c'était VRAIMENT mieux avant ! On avait pas besoin de 47 applications pour communiquer avec nos amis, on avait juste MSN pis on était ben corrects de même. On avait pas besoin de prendre 73 photos du même angle pour avoir la parfaite story Instagram, on prenait nos photos avec un appareil jetable pis on espérait juste qu'elles soient pas toutes flou.

 

Pis surtout, on savait vivre dans le moment présent sans avoir le réflexe de documenter chaque maudit sandwich qu'on mangeait. Quand on était au Bonnet Rouge à danser sur du Sean Paul, on dansait POUR VRAI, pas pour faire du contenu TikTok. Quand on se faisait une poutine chez Rio à 3h du matin, on la dégustait sans la prendre en photo pour montrer à toute la planète qu'on était des rebelles qui mangent de la bouffe grasse tard le soir.

 

On était authentiques, gang. Authentiques dans notre niaiserie, dans nos mauvais goûts musicaux, dans nos pseudos MSN qui faisaient pas de sens, dans nos soirées à pas savoir quand elles allaient finir. On vivait sans filtre, littéralement pis figurativement.

 

Mais bon, faut que je vous dise quelque chose... ça c'était juste le début de mon plaidoyer pour les années 2000. Parce que j'ai même pas encore parlé des vraies affaires importantes : les émissions de télé qu'on regardait religieusement (Ramdam, Star Académie, Loft Story, quelqu'un ?), la mode qu'on trouvait cool mais qui nous fait crier aujourd'hui (les jeans taille basse, les frosting dans les cheveux, les chandails Bench), pis surtout... surtout les relations amoureuses de ce temps-là qui étaient un mélange parfait de romantisme niais pis de drama digne d'un téléroman.

 

Ça, mes amis, ça va être pour la partie 2. Parce que si vous pensez que j'ai fini de vous convaincre que les années 2000 c'était l'âge d'or de l'humanité, vous vous trompez en esti.

 

À suivre...


À bientôt peut-être! Pis d'ici-là, prend soin de ton dedans!

Tourlou là!

Jennaille XoX

P.S. : Si jamais vous retrouvez mes vieux CD gravés quelque part dans vos affaires, rapportez-les-moi. J'ai besoin de retrouver ma playlist "Mix d'amour pour Steven" que j'ai jamais eu le courage de lui donner.

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